Psychiatrie et psychologie forensiques : Vers une meilleure approche de l’extrémisme violent ?

08/12/2023, Bruxelles – L’OCAM et l’Institut Egmont ont organisé leur troisième conférence commune. L’événement a pour but de rassembler tous les partenaires de l’OCAM, y compris les autorités locales et le monde académique. Ce troisième colloque avait pour thème le chaînon manquant entre la psychologie/psychiatrie forensiques et les services publics : comment peuvent-ils s’entraider pour rendre notre société plus sûre ?

Comme chaque année, le gagnant du concours de mémoires de fin d’études a pu inaugurer le colloque. Il s’agissait cette année de Ruben Lateur (UGent), qui a présenté son mémoire sur le rôle de la SNCB dans la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale. Un sujet plutôt inhabituel, mais qui comporte néanmoins des enseignements extrêmement intéressants pour les services de sécurité contemporains.

« L’analyse sociale et l’analyse des réseaux effectuées dans le mémoire de Ruben ne sont certes pas appliquées dans le cadre du terrorisme, mais elles peuvent être transférées très rapidement et efficacement au domaine de la criminalité organisée, par exemple, ou à celui du terrorisme », affirme Gert Vercauteren, directeur a.i. de l’OCAM. « Les connaissances acquises constituent dès lors une plus-value pour nos services partenaires. Il est en effet important d’élargir nos horizons ».

Une collaboration essentielle avec la psychologie forensique

Le fil rouge du colloque était la nécessité de continuer à améliorer la collaboration multidisciplinaire dans la gestion de l’extrémisme. Tant les psychologues des services de sécurité que les professeurs universitaires de psychologie et de psychiatrie présents ont appelé à un renforcement et à un partage de l’expertise dans la discipline forensique. La psychologie et la psychiatrie forensiques sondent les causes sous-jacentes des comportements violents et tentent d’y apporter des éléments de réponse.

La principale conclusion du panel fut en effet que l’extrémisme (en tant qu’idéologie) et les problèmes psychiques ne s’excluent pas mutuellement. L’auteur d’un acte violent peut donc à la fois être un extrémiste radicalisé et souffrir d’une ou plusieurs problématique(s) psychique(s). Ces deux aspects ont même tendance à se renforcer mutuellement.

Trop souvent, les connaissances spécifiques à un des deux domaines demeurent insuffisamment connues de l’autre. L’expertise forensique devrait pouvoir offrir un soutien aux Taskforces locales et aux Cellules de Sécurité intégrale locales. Parallèlement, une meilleure connaissance de l’extrémisme et des processus de radicalisation chez les psychologues et les psychiatres pourrait aider à détecter rapidement les signes de radicalisation. Nous devons donc trouver des moyens d’unir nos efforts, d’aider ces individus et de rendre ainsi notre société plus sûre pour tous.  Dans ce cadre, il est urgent de mettre en place un véritable programme de formation en psychologie forensique en Belgique – une lacune soulignée par tous les experts.

 

Collaboration renforcée au sein de la Stratégie T.E.R.

C’était également le souhait exprimé par la ministre de l’Intérieur, Annelies Verlinden : « On ne peut pas se limiter à un bon échange d’informations et à des protocoles entre les services. Nous devons également entreprendre des démarches en matière de partage d’informations avec le monde médical et surtout échanger l’expertise nécessaire. Les TFL et CSIL ont tout à gagner à collaborer davantage avec la psychologie forensique. »

Le ministre de la Justice, Paul Van Tigchelt, s’est notamment engagé à développer les Centres de Psychiatrie légale. « Les bonnes pratiques qui ont cours dans les deux Centres de Psychiatrie légale existants doivent continuer à être développées en Belgique. Lorsque des actes de violence sont commis, la justice doit être rendue, les victimes doivent être aidées et suivies. Les auteurs doivent être punis, mais dans certains cas, il est tout aussi nécessaire de les accompagner et d’adopter une approche qui rendra notre société plus sûre pour tout le monde ».

 

Thèmes sécuritaires pour une image de la menace en rapide évolution

La deuxième partie du colloque rassemblait les partenaires de l’OCAM autour de divers thèmes touchant à la sécurité de nos concitoyens belges.

« Si l’on examine l’année écoulée, force est de constater que nous vivons une époque mouvementée », déclare Gert Vercauteren (OCAM). En Belgique comme à l’étranger, nous sommes confrontés à de nouvelles évolutions de l’image de la menace, ce qui pose de sérieux défis aux services. Ce colloque annuel contribue déjà à une réflexion intéressante et à une dynamique positive pour continuer à s’adapter à l’évolution de la menace ».