650 extrémistes font l’objet d’un suivi prioritaire dans notre pays

26/03/2024, Bruxelles – En 2023, quelque 650 extrémistes et terroristes ont fait l’objet d’un suivi prioritaire. Il s’agit d’une baisse d’environ 7 % par rapport à l’année précédente. Cette baisse est principalement due au fait que le plus gros de l’impact de la crise syrienne est désormais derrière nous, indique l’Organe de Coordination pour l’Analyse de la Menace (OCAM).

Notre État de droit démocratique se défend contre l’extrémisme et le terrorisme. La colonne vertébrale de cette approche est la Banque de données commune (BDC), qui contient le profil des individus faisant l’objet d’un suivi prioritaire. Le jeudi 21 mars, un nouveau cadre légal pour la BDC a été adopté par la Chambre des représentants. L’OCAM est le responsable opérationnel de la BDC. L’organe de coordination décide de l’ajout et de la suppression d’entités et rédige une analyse individuelle de la menace pour chacun de ces profils.

Paul Van Tigchelt, ministre de la Justice : « En tant qu’ancien directeur de l’OCAM, j’ai participé à la création de la Banque de données commune et des structures de concertation qui l’entourent. Celle-ci est rapidement devenue un outil indispensable pour le suivi des terroristes et des extrémistes, ce qui a été d’une grande importance pour la sécurité de notre pays. Le fonctionnement de la BDC est à présent approfondi et adapté à la réalité d’aujourd’hui. Nous sommes en effet de plus en plus confrontés à des personnes souffrant de problèmes psychiques ainsi qu’à des mineurs qui se radicalisent très rapidement par Internet. La nouvelle loi permet de relier des banques de données gouvernementales à la BDC et de faire en sorte que les services idoines la complètent et disposent des informations nécessaires : tant les services de sécurité que les services d’accompagnement et de prévention, y compris le secteur de la jeunesse. Pour s’assurer que toutes les données sont correctes et à jour, chaque dossier sera abordé plus fréquemment au sein de la Taskforce locale. Nous savons que le risque zéro n’existe pas, mais nos services font tout ce qui est en leur pouvoir pour assurer notre sécurité. C’est à nous de leur fournir les outils nécessaires pour y parvenir. »

Annelies Verlinden, ministre de l’Intérieur : « Nous avons veillé à ce que les services de police sur le terrain, y compris les services essentiels d’intervention de première ligne de la police locale, puissent désormais accéder plus rapidement aux informations sur les menaces émanant des personnes suivies. Ils seront ainsi avertis de la situation, et pourront éventuellement renforcer la sécurité lors de l’intervention. Cela leur permettra également d’être plus attentifs aux faits et aux détails liés au contexte de la radicalisation lors des contrôles et des interventions. Ils pourront par la suite partager à leur tour ces informations, qu’ils n’auraient peut-être pas ou moins remarquées autrement, avec les plateformes et les services chargés du suivi. En outre, le personnel médical pourra désormais être informé par les services de police de la menace potentielle émanant d’un individu, ce qui permettra également au monde médical d’être attentif à certains points particuliers dans le cadre de ses tâches et compétences. Ces deux mesures, qui visent à renforcer le partage d’informations, ont pour objectif clair de renforcer la sécurité, de faciliter davantage la prise des mesures nécessaires et de recueillir encore plus d’informations. Ces mesures découlent directement des recommandations formulées à la suite de l’attentat perpétré à Schaerbeek en novembre 2022, au cours duquel une personne radicalisée souffrant de problèmes psychiques a tué un policier.

Le nombre diminue, la menace augmente légèrement

Évolution des individus au sein de la BDC sur les 8 dernières années

« En un an, le nombre d’extrémistes et de terroristes connus faisant l’objet d’un suivi prioritaire a légèrement diminué, passant de quelque 700 à environ 650 individus », indique Gert Vercauteren, directeur a.i. de l’OCAM. « En 2023, près de 80 individus ont été supprimés de la BDC, alors qu’une trentaine de nouveaux individus y ont été ajoutés. Une personne est supprimée de la BDC quand il apparaît clairement qu’elle évolue positivement durant une longue période et qu’aucun nouvel élément négatif n’émerge.

« Le nombre total d’individus a diminué. Ce constat n’est pas surprenant, car le plus gros de l’impact de la crise syrienne est derrière nous, affirme M. Vercauteren. « De nombreux individus sont sur la bonne voie et ont pu être supprimés de la BDC. Mais la menace ne diminue pas pour autant. Il ressort de nos analyses que la menace moyenne émanant des personnes reprises dans la BDC a légèrement augmenté. »

Répartition par idéologie

2023 : individus dans la BDC par idéologie

88 % des individus adhèrent à une idéologie djihadiste. 9 % des individus sont liés à l’extrémisme de droite. 2 % des individus ressortent de l’extrémisme de gauche. Les autres individus sont suivis dans le cadre de diverses menaces découlant d’une thématique spécifique de la société, comme les sentiments anti-establishment ou un contexte politique à l’étranger.

Répartition par catégorie

2023 : individus dans la BDC répartis par catégorie

L’extrémisme se manifeste de différentes manières. À l’heure actuelle, on distingue cinq catégories d’extrémistes qui ont des liens étroits avec la Belgique. Certains individus sont repris sous plusieurs statuts. Une personne peut, par exemple, être reprise en tant que propagandiste de haine (PH) et en tant qu’extrémiste potentiellement violent (EPV) dans la BDC, ou en tant que homegrown terrorist fighter (HTF) et propagandiste de haine (PH) dans le contexte d’une idéologie extrémiste.

  • 426 Foreign Terrorist Fighters (FTF) : personnes qui sont parties vers une zone de conflit dans le but de se rallier à un groupe terroriste, ou qui en reviennent ainsi que les personnes qui ont été empêchées de partir ou qui ont l’intention de le faire ;
  • 40 Homegrown Terrorist Fighters (HTF) : personnes qui choisissent de commettre des actions terroristes en Belgique ou qui offrent leur soutien à celles-ci ;
  • 90 Propagandistes de haine (PH) : personnes voulant justifier le recours à la violence à des fins idéologiques ainsi qu’exercer une influence radicalisante sur leur entourage et nuire à l’État de droit ;
  • 110 Extrémistes Potentiellement Violents (EPV) : personnes avec des conceptions extrémistes qui ont une intention de recourir à la violence, sans avoir toutefois encore entrepris de démarches concrètes à cette fin ;
  • 23 Personnes condamnées pour terrorisme (PCT) : personnes condamnées, internées ou faisant l’objet d’une mesure de protection pour terrorisme en Belgique ou à l’étranger.

Détection précoce et collaboration efficace

L’OCAM est le coordinateur de la stratégie nationale contre le terrorisme et l’extrémisme, y compris le processus de radicalisation (Stratégie T.E.R.) et s’appuie sur l’expertise de tous les services concernés de notre pays. Le partage d’informations est indispensable à la collaboration entre les services partenaires. « Grâce à la banque de données commune (BDC), tous les partenaires peuvent échanger des informations provenant des différents niveaux de pouvoir », indique Gert Vercauteren.

« La Stratégie T.E.R. réunit autour de la table des services de tous les niveaux de pouvoir », déclare Gert Vercauteren. Ainsi, un réseau a été construit en Belgique pour détecter les signes d’extrémisme et de terrorisme à un stade précoce. Pour les cas problématiques, un parcours individualisé est prévu afin de réduire les risques d’une potentielle menace et, si possible, de préparer la réintégration dans la société. Les Taskforces locales (TFL) et les Cellules de Sécurité Intégrale Locales (CSIL R) constituent les centres névralgiques de cette approche multidisciplinaire.

Défis pour l’avenir

« Je tiens à souligner que c’est une tâche toujours inachevée », indique M. Vercauteren. « Les efforts en matière de partage d’informations et de concertation doivent être maintenus. Par ailleurs, il est tout aussi important d’accroître la résilience de la société à l’égard de la propagande extrémiste. Surtout la radicalisation en ligne chez les jeunes, y compris des mineurs, constitue un défi majeur », conclut Gert Vercauteren.