5 ans après les attentats en Europe : la menace vient à présent d’acteurs isolés

02/09/2020, Bruxelles – Après la série d’attentats sanglants en Europe, la menace terroriste a de nouveau diminué ces dernières années. « Mais l’idéologie djihadiste continue d’inspirer des gens », déclare Paul Van Tigchelt, directeur de l’organe de coordination pour l’analyse de la menace (OCAM), qui met en garde contre les acteurs isolés.

Le procès de l’attentat contre le magazine satirique français Charlie Hebdo débute aujourd’hui à Paris. Cet attentat a marqué le début symbolique d’une série d’attentats sanglants en Europe en 2015. Parmi ceux-ci, les attentats de l’aéroport de Zaventem et du métro de Bruxelles le 22 mars 2016. Les actions de ces commandos étaient alors coordonnées par le groupe terroriste EI.

Les attaques qui ont eu lieu par la suite n’étaient plus dirigées de la même manière. Les  « lone actors » ou acteurs isolés, sont alors passés à l’action. Ces acteurs se laissent influencer par l’idéologie djihadiste mais n’ont jamais été eux-mêmes en Syrie ou en Irak.

La menace terroriste est moindre

Aujourd’hui, la menace terroriste dans notre pays est à nouveau moins importante. Le niveau de menace est à 2 sur une échelle de 4 depuis janvier 2018. Pourtant, il y a encore de nombreux « éléments qui nous inquiètent », dit Van Tigchelt dans « De ochtend » op Radio 1. « Il n’y a aucune raison de se reposer sur nos lauriers. »

Les acteurs isolés sont moins faciles à détecter. L’ensemble de la société doit être vigilante à cet égard. « Il est très important de faire appel à des observateurs sociaux pour identifier les problèmes à un stade précoce. Dans les écoles et les clubs de sport, par exemple, il y a parfois des signes de radicalisation ou d’extrémisme », explique M. Van Tigchelt.

« Le califat du groupe terroriste EI a peut-être disparu géographiquement, mais l’idéologie existe toujours », assure Van Tigchelt. Il existe encore des groupes rebelles qui commettent des attaques et enlèvent des gens au nom du djihad. « Leur activité a à nouveau augmenté en Syrie et en Irak », souligne M. Van Tigchelt.

L’OCAM continue également à surveiller en priorité les quelque 130 combattants qui sont revenus de Syrie. « Ils sont en prison ou ont déjà purgé leur peine. » Néanmoins, ces ex-combattants sont parfois retirés de la banque de données commune de l’OCAM parce qu’ils connaissent une évolution positive et sont suffisamment intégrés dans la société.

L’extrémisme de droite a le vent en poupe

Cependant, les acteurs isolés ne doivent pas être uniquement recherchés  dans les milieux djihadistes, dit Van Tigchelt. L’extrémisme de droite a également le vent en poupe. « Les méthodes de l’idéologie salafiste et de l’extrémisme de droite sont comparables », souligne M. Van Tigchelt :

« Ils déshumanisent tous deux l’adversaire. Ils utilisent une dialectique « nous contre eux » dans laquelle cet adversaire doit être détruit, car sinon le « nous » – qui que ce soit – ne survivra pas ».

L’OCAM suit actuellement une quarantaine de personnes ayant une idéologie d’extrémisme de droite. Et tout comme chez les djihadistes, les réseaux sociaux jouent un rôle crucial. « Les réseaux sociaux sont le véritable enjeu de la radicalisation et de l’extrémisme dans le monde. »

En outre, l’OCAM suit également de près les personnes adhérant à l’extrémisme de gauche qui pourraient commettre des actes de violence, « l’extrémisme de droite est cependant plus présent quantitativement. Cette idéologie est de plus en plus répandue », conclut M. Van Tigchelt.