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16/12/2024, Bruxelles – Dans de récentes interviews avec De Standaard et Le Soir (lien 1 et lien 2), Gert Vercauteren, directeur de l’OCAM, a partagé ses perspectives sur les défis sécuritaires actuels auxquels la Belgique est confrontée. Il a souligné la complexité croissante de la situation et la nécessité d’une approche coordonnée.

« La situation sécuritaire est devenue particulièrement complexe ces dernières années », a déclaré Vercauteren. « Pendant longtemps, les principales menaces étaient liées à trois grands phénomènes : l’extrémisme de gauche, l’extrémisme de droite et le djihadisme. Ces menaces persistent, mais elles sont désormais amplifiées par des crises comme la guerre en Ukraine, les conflits à Gaza et au Liban, ainsi que par la pandémie de COVID-19, qui a exacerbé les sentiments anti-establishment. Ces crises apportent de nouvelles menaces, telles que des campagnes de désinformation, des tentatives d’influence étrangère et des actes de sabotage », a-t-il ajouté, tout en soulignant la nécessité d’une stratégie pour promouvoir les aspects positifs de la démocratie occidentale et contrer la désinformation.

Impact de la situation en Syrie sur la sécurité

En Syrie, la situation actuelle pourrait mener à une instabilité dont des groupes terroristes pourraient tirer parti. Le groupe rebelle Hayat Tahrir al-Sham (HTS), héritier d’Al-Qaida en Syrie, qui a mené l’offensive récente ayant conduit à la chute du régime de Bachar al Assad semble avoir donné des gages aux autres communautés. Il conviendra toutefois de surveiller avec attention les développements futurs pour voir si le groupe joint le geste à la parole. En ce qui concerne les Foreign Terrorist Fighters (FTF) détenus dans des prisons au Nord-Est de la Syrie ou maintenus dans des camps, Vercauteren a plaidé pour une solution européenne. « La Belgique a déjà rapatrié des enfants et des mères des camps. Notre préférence va à des jugements sur place. Toutefois, si ce n’est pas envisageable, nous ne souhaitons pas revivre des situations comme à Guantanamo ou Abu Ghraib, où des personnes ont été détenues pendant des années sans procès », a-t-il averti. « Pour la sécurité, la meilleure option est alors de les juger ici et de les suivre de près dans le cadre de la Stratégie T.E.R. »

 

Quelques chiffres :

Au total, une trentaine de FTF belges* se trouvaient dans le Nord-Ouest syrien avant le début de l’offensive. Une dizaine d’entre eux seraient actifs au sein d’HTS, sans que leur fonction précise, éventuellement combattante, soit connue.

En ce qui concerne les prisons et camps dans le Nord-Est syrien, l’OCAM a connaissance de la présence de 13 hommes FTF belges* dans plusieurs centres de détention et de 8 femmes FTF belges* dans les camps, ces dernières accompagnées d’une dizaine d’enfants.

Tendances de ces dernières années : menaces étatiques et menace « anti-establishment »

En outre, Vercauteren a abordé la hausse des menaces étatiques, notamment de la part de la Russie et de l’Iran. « La Russie veut montrer qu’elle peut nous faire du mal en cas d’escalade de la guerre en Ukraine », a-t-il averti, en mentionnant des actes de sabotage et des tentatives d’intimidation.

Vercauteren a également abordé la menace des acteurs « anti-establishment ». « Ces individus, souvent animés d’une agglomérat idéologique très hétérogène, cherchent parfois à défier nos institutions et à remettre en question l’autorité de l’État, ainsi que les valeurs intrinsèques de notre démocratie ». Bien que la liberté d’expression soit un droit fondamental, à partir du moment où ce narratif est accompagné d’un discours de haine ou d’appels à la violence, il est important pour l’OCAM et ses services partenaires d’assurer un suivi idoine.

La belgique au niveau 3 – le baromètre de la menace

Vercauteren a en outre donné une interview à la radio ce vendredi sur Radio 1, où il a discuté de l’image actuelle de la menace, des méthodes de travail de l’OCAM, de ses partenaires, et de l’impact pour les citoyens des évaluations de son service.

Vous pouvez (ré)écouter ici l’interview en direct de Gert Vercauteren.

* L’adjectif « belge » s’appliquant aux FTF concerne leur pays de résidence avant leur départ et non leur nationalité.